Taux de profit

Deux points de vue, deux visions du monde s'affrontent pour définir ce qu'est le profit (et, partant, le taux de profit).


Pour eux, le capital investi (mettons 100) rapporte un certain pourcentage (mettons 15). Le rapport entre les dividendes et le capital investi formera le taux de profit, les dividendes constitueront les profits de ce points de vue. Dans notre exemple, le taux de profit sera de 15%.

  • Note sur le PER
En termes techniques, pour les chrématisticiens, on parle de PER (Price Earning Ratio), taux de prix de gain sur investissement. Un PER de 15 signifie que, pour 15 euros d'action, le propriétaire lucratif touche 1 euro de profit - soit un peu plus de 6%. Le taux de profit s'exprime en pour cent de la somme investie alors que le PER exprime un rapport entre l'investissement et le profit.

PER 5 > Taux de profit de 20%
PER 7 > Taux de profit de 15%
PER 10 > Taux de profit de 10%
PER 15 > Taux de profit de 6%
PER 20 > Taux de profit de 5%

Etc. La baisse du taux de profit correspond à une hausse du PER puisqu'il en est l'inverse.

  • Le point de vue des producteurs

Toute la valeur est produite par le travail vivant, par le temps des producteurs sous le joug de l'emploi ou par la reconnaissance sociale de la valeur créée hors emploi. Pour une entreprise donnée, il importe, du point de vue du producteur de voir le surtravail, le bénéfice que génère sa force de travail divisé par le salaire effectivement touché.

Dans le même exemple qu'en haut, nous avons 100 de capital investi. Imaginons qu'ils soient découpés en 16 pour les salaires (individuels et sociaux), 35 de frais d'achat de matières première, 15 pour les dividendes et, ce qu'il reste, soit 44 en investissement (nous négligeons les impôts et parlons en net).

Le surtravail aura aussi bien produit les 15 de dividendes, que les 16 de salaire ou que les 44 d'investissements qui demeurent pourtant la propriété de l'investisseur et non du producteur qui le produit. C'est le fait que ces 44 produits par le travailleur deviennent propriété de l'actionnaire qui rend la chose insupportable: le travail tresse la corde pour se pendre en augmentant la valeur du capital fixe, de l'outil de production ce qui le congédie de la démocratie économique et le contraint à augmenter le surtravail.

Marx définit le surtravail comme le rapport 15/16 entre les dividendes extraites du travail et la rémunération du travail. 
Dans notre exemple, le taux de profit selon Marx s'élève à 95% (comme la moyenne belge, fonctionnaires et retraités qui ne produisent pas de surtravail compris sur notre fiche de paie).

 Nous définirons le taux de profit comme le rapport entre la totalité de la valeur produite par les producteurs (15 de dividendes+16 de salaires + 44 d'investissements) et la part qui revient aux producteurs, les salaires (sociaux et individuels).

Nous avons, dans notre exemple un taux de profit de 65/16, soit près de 400%.

  • Visuel
 La CGT a fait ses comptes et nous présente le résultat de ses études sur le profit:


 puis, pour ceux qui souhaitent en savoir plus, voir ici. Ce tableau présente le surtravail dans le sens du taux de profit de Marx présenté ci-dessus. En aucun cas, il n'intègre les investissements financés par le taux de travail. Ces investissements sont au moins équivalents aux dividendes; leur propriété est volée à celles et ceux qui les produisent, elle est accaparée par les propriétaires lucratifs qui en font la source de nouveaux profits.

Par ailleurs, ce graphique semble suggérer que le travail est individuel et non social. Il fait l'impasse sur le travail gratuit, la valeur économique créée hors emploi à qui les dividendes coûtent.

  • Coût des profits en France
L'Humanité met en ligne un résumé du problème ici: coût des dividendes en France, plus de 35 milliards d'euros par an.