Pwofitasyon

  • Histoire

Le Liyannaj Kont Pwofitasyon abrégé en LKP (« Collectif contre l'exploitation outrancière » en créole guadeloupéen) s'était fait connaître en Guadeloupe en 2009 pour ses mouvements d'action dénonçant l'exploitation outrancière dont sont victimes les insulaires. L'initiative avait fait tâche d'huile dans divers dom-tom français (Martinique, Saint Martin, La Réunion).

  • Concept
Le concept créole est intuitivement assez simple à cerner mais il est difficile à expliquer. La pwofitasyon s'entend comme une surexploitation, à savoir

- des conditions de travail trop pénibles, un temps de travail trop long (ce que nous appelons le taux d'exploitation)

- des salaires insuffisants

- des prix sur les marchandises excessifs. Ces prix sont pratiqués parce que les propriétaires s'entendent entre eux, à quelques uns, en situation d'oligopole, pour maintenir les prix élevés sur l'île. La cherté artificiellement maintenue augmente les marges bénéficiaires des puissants, des propriétaires et réduit à rien les maigres salaires des employés, des chômeurs.

- une pratique "structurelle" du chômage par les propriétaires lucratifs, par les patrons.

  • Conséquences

La pwofitasyon pousse les populations dans la misère. De temps en temps, l'injustice sociale et la pauvreté amène les gens à se soulever. L'enjeu est alors pour les oligarques de maintenir leur mainmise en détournant l'attention, en utilisant aussi, à un niveau individuel, la peur de la précarité pour tuer le changement dans l’œuf.

Les médias métropolitains font tout ce qu'ils peuvent pour donner une vision folklorique de la pwofitasyon. Leurs efforts sont méritoires parce que la situation en métropole, en Ukraine, en Russie, en Europe ressemble de plus en plus à ce qui est vécu là-bas - le soleil en moins. Des élites kleptocrates affament littéralement les populations, les assagissent par la terreur de la précarité et de la pauvreté. Les conditions de travail et la faiblesse des salaires, ici aussi, deviennent un cauchemar pour les travailleurs.

Le LKP avait axé ses revendications sur le droit d'accès aux ressources pour vivre. Il prônait des mesures politiques et économiques qui offrissent à tous un droit de vivre mais sa demande d'arrêt de la surexploitation ouvrait une porte supplémentaire: l'encadrement - voire la socialisation - de la propriété des moyens de production.

Le LKP demandait que chacun puisse vivre, ce qui dérangeait la propriété lucrative. La dénonciation de la pwofitasyon amène à la remise en cause de la propriété lucrative ou - pour le dire autrement - la propriété lucrative amène nécessairement la pwofitasyon sauf à être sérieusement amendée.