Travail obligatoire (Reicharbeitsdienst)

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  • Rappel historique

Avant de voir l'actualité de la notion de "travail obligatoire" (rémunéré ou non), nous avons jugé bon de faire un tour dans les coulisses de l'histoire. Wikipédia résume l'expérience nazie du travail obligatoir pour les nationaux:

Le Reichsarbeitsdienst (abrév. RAD Service du travail du Reich) était une organisation de l'appareil du pouvoir national-socialiste du Troisième Reich des années 1933 à 1945. À partir de juin 1935 chaque jeune homme et jeune fille étaient obligés d'effectuer un service de travail de six mois qui précédait le service militaire.

(...)

Le Reichsarbeitsdienst était né du mouvement de réforme des « Arbeitsdienste » (services de travail) volontaires, repris par Konstantin Hierl qui voulait les transformer dans un service de travail national-socialiste à partir de 1931.
Hierl s'opposait par principe aux institutions, associations et initiatives du service de travail volontaire. Pour lui le service du travail national socialiste devait être un service obligatoire pour tous les jeunes, conformément à sa devise de l'accord consistant en « enseignement obligatoire - service de travail obligatoire - service militaire obligatoire ». Les gouvernements de la République de Weimar ont repoussé l'idée d'un service de travail obligatoire.
C'est la raison pour laquelle les efforts des leaders du NSDAP aux niveaux régionaux et nationaux étaient de fonder un service de travail national socialiste destiné aux volontaires, initiative qui a réussi; par ces efforts ce service faisait suite à de forts souhaits de jeunes électeurs nazis qui voulaient participer à ces campements de service de travail. Une des associations les plus importantes était le VzU « Verein zur Umschulung » (association de reconversion), agissant dans de nombreuses parties de l'Allemagne. Konstantin Hierl par contre n'avait guère d'influence sur la création de ces initiatives aux dénominations très diverses.
Après que Hitler eut été nommé Chancelier du Reich, Hierl a été nommé secrétaire d'État et "Reichsarbeitsführer (Chef du travail du Reich) et à partir du 31 mars 1933 il était sous les ordres du ministère du Reich au Travail. Avec effet au 3 juillet 1934 le RAD était sous les ordres du ministère du Reich à l'Intérieur. À partir de 1935 le journal « Der Arbeitsmann » (L’homme ouvrier) était l'organe officiel du RAD.

  •  Le service de travail obligatoire à travers le monde
De la même façon, inspirés par la même philosophie producériste, les régimes politiques modernes sont englués dans leurs contradictions entre les guerres aux salaires qu'ils mènent à travers tout et les crises économiques que ces guerres induisent. Ils entendent mettre au travail obligatoire les gens qui n'ont pas d'emploi. Les gens doivent se justifier de leur utilité sociale par l'emploi, c'est-à-dire par la vente de la force de travail à des propriétaires lucratifs, des actionnaires. Ceci revient a confier la légitimation sociale aux seuls rentiers.

Nous rappelons que le chômage est l'envers de l'emploi: c'est parce que le travail est entre les mains de propriétaires lucratifs que certaines personnes en sont privées. L'abolition du chômage nécessite a minima l'abolition de l'emploi et de la propriété lucrative des outils de production.

Les mesures de mise au travail obligatoire des chômeurs sont toujours vexatoires, humiliantes et n'ont jamais montré la moindre efficacité.

Les exemples se multiplient malheureusement partout dans le monde.

En Grande-Bretagne, les chômeurs sont tenus d'accepter l'emploi qu'on leur propose, quelles qu'en soient les conditions sous peine de se voir privés de ressources. Cette mesure a été déclarée illégale (voir ici). Cette mesure vexatoire prise au nom de l'emploi n'a pas infléchi le chômage.

En Belgique, les chômeurs sont soumis à un harcèlement depuis quelques années. Ils doivent prouver qu'ils cherchent de l'emploi pour "mériter" leurs allocations. Ce plan adopté au nom de l'emploi n'a pas fait fléchir le chômage en dépit de nouveaux standards de calcul des statistiques pour le moins souples: il suffit de travailler en emploi une heure sur un mois pour ne plus être chômeur. En Belgique toujours, les Européens non nationaux sont susceptibles d'être renvoyés dans leur pays s'ils n'ont pas d'emploi ou de revenus de rente.

En France, les intermittents sont stigmatisés parce qu'ils ne "travailleraient" pas assez. Le sac du Medef du régime des intermittents menace les prestations culturelles de ce pays parmi les plus impressionnantes du monde.

En Allemagne, Hartz IV, le plan adopté il y a maintenant dix ans, contraint les chômeurs de longue durée à accepter n'importe quel emploi (notamment les "Ein Euro Jobs", les emplois à un euro de l'heure). Ce plan dégrade la santé des intéressés, il les coince dans la misère dans le long terme et n'a pas diminué le chômage.

En Hongrie, les chômeurs doivent prester un travail gratuit (surtout s'ils sont Rroms). Le régime les encadre manu militari. Pour autant, les chiffres du chômage (et le problème des dettes privées en monnaie étrangère, en euro) ne sont pas résolus.

En Érythrée, les jeunes gens doivent prester un service militaire pendant lequel ils doivent travailler sous la contrainte. Les habitants émigrent en masse en prenant des risques énormes - que ce soit en traversant la Méditerranée ou le désert - parce que la perspective du travail obligatoire gratuit et de la misère ne remplit pas toutes leurs ambitions.

La Lettonie pratique une politique monétariste qui fait exploser le poids des dettes privées et publiques et contraint au travail obligatoire l'entièreté de la population. Là aussi, la population émigre où et comme elle peut.

En Corée du Nord, l'emploi est déterminé par les autorité. L'employé doit obéir aux injonctions qu'on lui donne - ce qui est, au fond, la version autoritaire du producérisme de l'aiguillon de la nécessité.

En Europe, les politiques mises en œuvre de manière parfaitement opaque et anti-démocratique s'inscrivent dans un cadre monétariste. L'Europe protège de l'inflation en mettant en œuvre la politique du NAIRU, ce qui augmente les dettes, le chômage et les avoirs des rentiers. Cette politique entend favoriser le capital dans les rapports entre les travailleurs et les employeurs.