Protectionnisme

La mise en concurrence des producteurs par le libre-échange provoque une baisse des salaires et une augmentation de l'emploi. L'opposition au libre-échange semble donc s'imposer dans une optique anti-employiste.

Pourtant, il faut émettre deux bémols à cette position de principe.

1. Le protectionnisme qui favoriserait les propriétaires nationaux ne serait d'aucune utilité du point de vue des producteurs. Il n'avancerait en rien le salaire, ne ferait reculer en rien l'emploi.

2. Le protectionnisme comme ensemble d'entraves douanières, économiques et/ou légales à la libre circulation des marchandises peut être considéré comme un acte de guerre économique par les partenaires commerciaux du pays ou de l'ensemble régional qui y a recours. Cet acte de guerre économique a souvent été annonciateur de guerres au sens strict. Or, les producteurs fournissent les troupes, ce sont eux, les conscrits, les appelés, les bidasses qui ramassent leurs boyaux dans les tranchées, ce sont eux que poursuivent les généraux en cas de fraternisation avec leurs congénères de l'autre côté.

Cette option n'est pas conforme à l'intérêt des producteurs.

S'il faut envisager un protectionnisme anti-employiste, il faut nécessairement qu'il obéisse aux critères suivants.

- Il faut une entrave à la concurrence des producteurs entre eux. Le protectionnisme doit s'opérer au sein d'une entité économique quelconque au sein de laquelle les droits sociaux et économiques auront été harmonisés, au sein de laquelle le droit du travail, les salaires et la fiscalité auront été uniformisés.

- Il faut un protectionnisme pacifique.

On peut imaginer, par exemple, que les droits de douanes soient reversés via un salaire socialisé aux producteurs des pays exportateurs. Ce genre de mécanisme harmoniserait de facto toute législation sociale ou fiscale et rendrait le jeu de la concurrence inutile en terme de plus-value économique.

Concrètement, si les taxes à l'importation sont reversées à un organisme public qui les rend soigneusement aux producteurs des pays où les matières premières, où les marchandises ont été manufacturées, cela annule toute perspective de dumping social et ne constitue nullement un cas de guerre économique, un acte agressif.

Il s'agit alors de protectionnisme amical, d'une politique économique qui aura tendance à stimuler l'activité économique, la demande de partenaires économiques. Cette mesure ne fait que des heureux et permet d'étendre le filet de la sécurité sociale, du salaire social au monde entier.

Mais ce protectionnisme amical n'a de sens que dans la mesure où les droits sociaux du pays, de l'entité économique protectionniste, sont à l'avantage du producteur, à savoir

- socialisation intégrale du salaire
- socialisation de la valeur ajoutée et démocratie économique.

Sinon, s'il ne s'agit que de protéger les profits des propriétaires, autant s'abstenir: qu'ils se mangent leurs marges, ce n'est pas notre problème.


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