Démocratie

La notion de démocratie peut s'entendre de bien des manières et peut recouvrir un nombre de fonctionnements, de régimes politiques très différents. Nous nous en tiendrons à une notion simple: la démocratie est la forme politique qui partage le pouvoir entre tous.

  • La démocratie politique

Doit partager le pouvoir politique entre tous.

- La démocratie politique n'a de sens que si elle est liée à une démocratie sociale et économique - sans quoi, le politique se vide de sa substance et le pouvoir partagé par tous est un pouvoir sans enjeu.

- La démocratie politique doit impliquer tous les mandants dans les prises de décisions, non dans la  seule désignation de mandataires. Choisir des mandataires n'est pas assumer le pouvoir mais le déléguer. Si le choix dit démocratique se résume à un choix entre plusieurs mandataires, il ne peut s'agir de démocratie puisqu'il s'agit de choisir qui aura le pouvoir et non comment l'exercer ensemble. Par ailleurs, le régime de mandataires poussent ceux-ci à tromper les électeurs sur leurs intentions réelles, il favorise la montée au pouvoir des gens qui aiment le pouvoir et profite à la démagogie. Ces tendances noient les mandants sous des informations biaisées, sous des manipulations idéologiques plus ou moins dangereuses et éloignent d'autant les mandants de l'exercice du pouvoir, de la démocratie.

  • La démocratie sociale

Elle passe souvent par des structures syndicales. On ne peut imaginer de démocratie sociale que si tous les acteurs de la société peuvent exercer le pouvoir en connaissance de cause, en souveraineté sereine.

- Les syndicats devraient représenter l'ensemble des producteurs et non les seuls salariés en contrat à durée indéterminée. Les retraités, les invalides, les intérimaires, les chômeurs ou les malades devraient exercer pleinement leur pouvoir de producteurs.

- À l'instar du monde politique, les mandants devraient prendre les décisions pour exercer le pouvoir et non se borner au choix de mandataires. Ceci implique un travail d'information important et honnête, une concertation (y compris informelle) et un choix social des mandants.

Ces questions de démocratie sociale sont beaucoup plus cruciales qu'il ne peut y paraître en première analyse. En Belgique, par exemple, les syndicats représentent les producteurs dans les organes de gestion paritaires, notamment dans les organes de gestion de la sécurité sociale. Le fait que les chômeurs ou les retraités ne soient représentés de facto que par un syndicat dont les représentants ne sont élus que par les seuls employés prive de facto les précaires, les chômeurs ou les retraités de toute représentation dans une institution, la sécurité sociale, qui prend des décisions qui les concernent au premier chef.
C'est d'autant plus inacceptable que les salaires sociaux sont réalisés par celles et ceux qui les reçoivent: s'ils cessent de les recevoir, ces salaires sociaux disparaissent en tant que valeur ajoutée (voir ici). Logiquement, les salaires socialisés devraient être gérés uniquement par celles et ceux qui les perçoivent, les chômeurs pour le chômage, les retraités pour les retraites, les parents pour les allocations familiales ou les employés pour les congés payés. 
- Hé, patron, comment on appelle le gouvernement de la majorité?  - La démocratie, bien sûr - Comment on appelle le gouvernement de la minorité? - La libre entreprise.                                                                                               



  • La démocratie économique

Sans elle, aucune des deux formes précédentes de démocratie n'a de sens. Comment imaginer une souveraineté populaire sur les syndicats et sur les décisions politiques qui serait tout à coup soumise à une dictature dès les portes de l'usine franchies? Cela impliquerait que les dégradations de l'environnement liées à l'activité économique, la gestion du temps de travail, des conditions de travail et de la répartition des fruits du travail échapperaient à la démocratie. La démocratie économique est essentielle à l'exercice du pouvoir par tous, sans elle, le pouvoir exercé se vide de sa substance.

A minima, la démocratie économique implique que le pouvoir économique soit exercé par tous.

- Les salaires sont déterminés par tous.
- Les prix sont déterminés par tous.
- Les investissements sont déterminés par tous (et par chacun).
- Les conditions de travail sont déterminées par tous (et par chacun)
- Les conditions de production (importations, environnement, etc.) sont déterminées par tous.
- Ce qui est produit est déterminé par tous.

Et, au sein des décisions prises par tous, il faut que chacun soit libre de travailler comme il le souhaite, dans l'environnement qu'il souhaite, avec l'engagement qu'il souhaite. La démocratie exige que chacun soit libre de son temps, de son implication, de son engagement.

L'emploi rend la démocratie économique impossible et, partant, les démocraties sociale ou politique inutiles.