David Ricardo (1772-1823)

Le financier peut être considéré comme le premier économiste à gage.

Il attribue l'origine de la valeur au travail comme Marx (et l'inspire en cela).

Il est opposé au protectionniste, il est favorable au laisser-faire, au libre-marché et au non interventionnisme. Les interventions de l'État (y compris les aides allouées aux pauvres) sont contre-productives et obèrent l'efficacité du système économique.

Pour Ricardo, des économies nationales en concurrence vont triompher dans leurs productions respectives dans lesquelles elles sont les plus efficaces. Comme l'efficacité impose aux investisseurs nationaux d'aller dans les domaines les plus rentables, les secteurs économiques dans lesquels l'économie nationale excelle vont s'imposer. C'est l'avantage comparatif.

Le Portugal et l'Angleterre produisent tous les deux du tissu et du vin. Le libre-échange va imposer le tissu en Angleterre et le vin au Portugal. Dans ce modèle théorique, les prix baissent, l'offre se diversifie et la production se spécialise (c'est la politique de l'offre) à l'avantage de tous.

Il faut noter que, dans le modèle théorique, l'investisseur reste dans son pays et le producteur qui s'impose, l'avantage comparatif ne fait pas jouer la concurrence entre les travailleurs. Il n'y a donc pas de délocalisation ni de fuite des capitaux (et, certes, pas d'intervention de l'État).

Ses théories n'ont jamais été confirmées: toutes les expériences s'approchant du libre-marché, de la libre-concurrence n'ont jamais été exempte d'intervention de l'État - sauf peut-être l'Angleterre des années 1830-1840 qui effraya tant le jeune Marx. De toute façon, les disciples de Ricardo favorisent leur modèle théorique sur toute observation empirique, agissant en cela à la manière d'une secte ésotérique. Le problème, c'est que ces disciples occupent l'OMC, la Banque Mondiale, la Commission Européenne, le FMI, etc. et pourrissent l'ensemble de l'économie planétaire.

Polanyi, Marx, Luxemburg ou Keynes ont totalement invalidé ces théories depuis plus de cent ans.

En tout cas toutes (Chili de Pinochet, Grande-Bretagne de Thatcher, USA de Reagan, les plans d'ajustement structurels de l'OMC, les plans d'austérité européens, etc.) les expériences de libre-marché, de laisser-faire s'approchant de l'utopie de Ricardo ont amené

- une misère généralisée
- une dégradation du tissu industriel
- un endettement des pouvoirs publics
- une dégradation de la qualité de la production économique
- une disparition de l'autonomie, de la souveraineté économique et politique
- une dégradation de la santé publique.

Ces conséquences s'expliquent facilement: le pays plus pauvre ou moins développé en concurrence avec le pays plus riche ou plus développé devient son client exclusif et ne peut exporter quoi que ce soit. Il est submergé par les marchandises importées des pays plus développés et son économie à lui ne peut tenir le choc: elle disparaît.

Comme le capitalisme crée des crises de surproduction, les pays pauvres servent de marchés captifs aux pays riches sans pouvoir en retour rien y exporter. L'appareil productif des pays pauvres s'effondre. Pour constituer une puissance industrielle - que ce soit l'Allemagne ou l'Angleterre au XIXe, les USA au XXe ou la Chine au XXIe - il a toujours fallu imposer une période plus ou moins longue de protectionnisme.

Mais ce qu'on appelle les "néo-libéraux" continuent à prêcher leur utopie toujours infirmée. On compte parmi eux

- Hayek
- Friedman
- Lamy
- Greenspan

et toutes celles et tous ceux qui occupent les postes de pouvoir (et interviennent).